Rapide Review : S.O.S. Fantômes : L’Héritage

Je fais partie de cette génération qui a grandi avec les films SOS Fantômes, qui les ont revus un nombre incalculable de fois jusqu’à en connaître les répliques par cœur et les considérer à juste titre comme des films cultes. J’ai passé mon enfance à user des VHS du film, à saouler mes parents pour avoir les jouets, à jouer à tous les jeux vidéos de la licence et lire les quelques comics qui sortaient chez nous (1). Chose plus rare, je fais également parti de ceux qui ont adorés le second film et personnellement, je le trouve quasiment aussi bon que le premier. Pour finir, chose ENCORE plus rare je fais parti du nombre très restreint de personnes qui ont apprécié le reboot/remake de 2016 (2) comme vous pouvez le lire en cliquant sur le lien suivant : https://thelesbiangeek.com/2016/08/11/sos-fantomes-la-critique-de-julien-lordinator/ .

Est-ce que j’attendais cette suite « officielle » avec impatience ? Oui et non. Pourquoi ? Réponse tout de suite.

Plus de vingt ans après les événements de New York durant lesquels l’équipe des SOS Fantômes avait repoussé la tentative d’invasion de notre réalité par le démon Gozer, la fille d’Egon Spengler (!?), apprend que son père, qui l’a abandonnée voilà vingt ans (!!??) viens de décéder et lui a légué une maison dans une petite ville de campagne, Sommerville. Submergée de dettes, elle décide de quitter la ville et de partir habiter dans la petite ville avec ses deux enfants, Trevor, un ado de 15 ans aux hormones en pleine ébullition et Phoebe, une gamine de 12 ans surdouée en sciences.
Arrivée sur place, la petite famille se rend compte qu’Egon Spengler avait dans le village une réputation d’original, pour rester poli. Mais il s’y passe des événements étranges : Des tremblements de terre incessants et des phénomènes paranormaux ponctuent en effet la vie des habitants (d’ailleurs sans que cela ne semble vraiment gêner grand monde, mais j’y reviendrai plus bas) et il semble qu’Egon ne soit pas venu habiter dans cette petite ville pour rien, Phoebe, son frère et quelques amis rencontrés en chemin vont tenter de découvrir le secret que cache la ville de Sommerville et qui visiblement, a coûté la vie au co-créateur des SOS Fantômes originaux.

Le film est réalisé et écrit (avec Gil Kenan) par Jason Reitman, le fils de Ivan Reitman, réalisateur des deux premiers films et se veut clairement comme la véritable suite au premier film, éludant le second film (probablement pour une éventuel suite). Niveau casting, hormis Paul Rudd que les fans du MCU connaissent bien et le jeune Finn Wolfhard (déjà vu dans le remake de It et, tiens donc, Stranger Things, comme quoi, on y revient) les autres acteurs ont des CV assez confidentiels, surfant entre films d’auteur et séries TV.

Nos trois jeunes héros

Pour commencer, autant répondre à la question principale que beaucoup doivent se poser, oui, j’ai bien aimé le film mais malheureusement il a les défauts auxquels je m’attendais après avoir vu la bande annonce, je vais développer ci-dessous car mine de rien, il y beaucoup de choses à dire.

Après avoir vu la bande annonce, je vais être honnête, je le sentais mal : L’ambiance très inspirée par Stranger Things m’avait fait tiquer et après avoir vu le film, bah ça a confirmé cet aspect, je pense, clairement voulu pour plaire à la nouvelle génération mais cet aspect, j’y reviendrais plus bas. Autre influence notable, Chaire de Poule, notamment dans le scénario qui coche toutes les cases du récit type de la série créée par RL Stine : La jeune héroïne un peu nerd et sans amis qui arrive dans une nouvelle ville, le grand frère ado (et la romance avec la beauté locale qui va avec), la mère célibataire qui rencontre l’amour en arrivant dans la petite ville, le stéréotype de l’école de petite ville peuplée de bullies etc. Même esthétiquement, Sommerville ressemble à s’y méprendre à une ville de ce genre de récit : Les restaurants et boutiques typés années 60 etc, etc. Vous voyez sûrement de quoi je veux parler, pas besoin de m’étendre dessus.

Ce nouvel environnement fut d’ailleurs une des choses qui m’a le plus dérangé parce que Ghostbusters, c’est New York, c’est cet humour typiquement New-yorkais hérité du Saturday Night Live, cette ambiance urbaine, dans les deux premiers Ghostbusters (et même dans celui de 2016 dans une certaine mesure), les Ghostbusters sont des films profondément New-yorkais à tel point que la ville est quasiment un personnage du film à part entière et cet aspect fut même d’ailleurs exacerbé dans le second film dans lequel les SOS Fantômes se servent de la statue de la Liberté, personnification de la ville de New York, pour pénétrer l’antre de Viggo, le méchant du film, soutenu par les chants des habitants, plus New-yorkais et représentative que cette scène, ça n’existe pas.
Ce nouvel opus n’utilise pas la ville de New York et ce fut pour moi une grande perte de repères qui faisait le charme de la licence : l’Ecto-1 qui fait des dérapages dans les champs ou dans les rues (d’ailleurs quasiment tout le temps désertes) de la petite ville de Sommerville, ce n’est pas Ghostbusters, c’est un épisode de Chaire de Poule avec un vernis Ghosbusters par dessus.

Autre point qui m’a gêné et que j’avais senti venir à la vue de la bande annonce, c’est ce que j’appelle la nostalgie à la truelle : Le film à le cul entre deux chaises, d’un coté il tente de se rallier les « vieux » en étalant des coups de coudes nostalgiques répétés aux vieux fans durant TOUT le film et de l’autre il reprend les codes des nouveaux canons du fantastique que sont Stranger Things et compagnie. Stranger Things et compagnie, je connais, j’ai testé, c’est pas ma came et pour moi c’est juste du titillage de fibre nostalgique pour millenials. Je comprend que pour certains, ça peut marcher, mais pour moi, qui suis pourtant le public visé, ça ne fonctionne pas et donc en ce qui me concerne, tout cet appel de pied du film à l’original sont tombés à plat et j’ai même fini par trouvé ça lassant. Je passe sous silence le deus ex machina final, déjà largement spoilé un peu partout et même la scène post générique (avec mon actrice préférée en plus) qui tombe complètement à plat, je suis même chagriné que des personnages comme Jeanine et Dana soient rencardés à des caméos de quelques secondes alors qu’on aurait put faire tellement plus avec.

D’ailleurs, le film va même encore plus loin dans les références et ne se cantonne pas à Ghostbusters : Des références clairs à tout un pan cinématographique des années 1980 sont étalés dans le film, de la petite ville typée années 60 avec ces drive-in et ces restaurants avec serveuses en patins à roulettes (Retour Vers le Futur ? Même un personnage du film dit à un moment « ça existe encore ce genre d’endroits ? » bah non, ça n’existe plus…), les Goonies (la descente dans la mine avec le temple), Gremlins (les facéties des petits bibendums marshmallow dans le magasin, il y a même le gag du mixer !) et même E.T. avec un final quasiment identique avec câlin et monté sur musique sirupeuse vers les étoiles.

Une scène rigolote et très référencée

D’ailleurs cette analogie avec E.T. m’a fait me rendre compte d’une chose : Ghostbusters Afterlife, c’est pas vraiment un film Ghostbusters, c’est un film Amblin tellement le film ressemble à une production Spielberg avec tout les codes des productions du réalisateur : Les jeunes héros, la relation enfants/adultes compliquée, l’ambiance gentiment surnaturelle etc.

Enfin, le film s’appelle SOS Fantômes et on y voit quasiment pas de fantômes, le seul notable étant Mache-tout, le successeur de l’emblématique Bouffe-Tout mais à part lui on a pas la galerie bigarré des fantômes que l’on voit dans les trois premiers films et c’est franchement dommage.

Mache-Tout, le nouveau Bouffe-Tout

Rapidement, les deux derniers points qui m’ont un peu gêné, le premier c’est le rythme du film : J’ai trouvé que le film est très long à démarrer et que cette longueur est inutile puisqu’on sait ce qui va se passer, les enfants vont finir par trouver le proton pack et l’Ecto-1 et chasser les fantômes, on attend que ça, ont sait que ça va arriver et c’est inutile de faire durer et ce rythme est d’ailleurs une autre différence avec les films originaux et même celui de 2016, les Ghostbusters sont réputés et appréciés pour être des films au rythme très rapide, qui laissent peu de temps aux spectateurs de se reposer et enchaîne les scènes d’action et les punch line. Là non, le rythme est très long, surtout dans sa première partie et honnêtement, je me suis un peu ennuyé.

Deuxième et dernier point, mais là difficile de le reprocher puisque c’est inhérent au cinéma contemporain, c’est un film à suite et il ouvre des dizaines et des dizaines de portes à des suites, on apprécie ou pas mais si suite il n’y a pas, c’est forcément frustrant.

Après avoir étalé les points négatifs, je vais m’intéresser au positif parce que j’ai malgré tout apprécié le film. Première chose, il faut d’abord que je vous apprenne que j’ai un gros problème avec les films fantastique qui mettent en scène des enfants comme héros. Alors oui, je n’aime pas plus que ça Les Goonies et j’ai toujours eu beaucoup de mal à comprendre l’engouement pour ce film, L’Histoire Sans Fin, c’est pour moi un film qui ne m’a pas marqué, Terminator 2, hormis le coté action / effets spéciaux que je trouve très impressionnant, la relation Terminator/John Connor ne m’a jamais passionnée (c’est peut être pour ça que mon préféré de la saga reste le premier…) donc, faire de Ghostbusters un film pour et avec un jeune public, j’ai forcément tiqué et au final, non, parce que c’est bien fait. Les jeunes personnages sont vraiment bien écrits et interprétés et évite soigneusement les stéréotypes de ce genre de personnage et surtout d’en faire des gamins têtes à claques, Podcast, l’asiatique nerd et sa webcam toujours vissé à la tête et au final un personnage vraiment sympathique, Phoebe est une héroïne vraiment attachante et forme avec son frère un binôme frère/sœur là aussi différent de ce que l’ont voit habituellement, loin des conflits entre fratrie que l’ont voit très (trop) souvent.

Trevor répare l’Ecto-1

Les adultes ne sont pas en reste bien que rencardés à des rôles secondaires : On retiendra surtout le personnage de Paul Rudd qui s’intègre parfaitement à l’univers Ghostbusters avec son rôle de professeur incompétent borderline mais passionné, seul le personnage de la mère de famille est vraiment anecdotique car clairement stéréotypé.

De façon surprenante, le jeune casting fut clairement l’un des aspects qui m’a le plus plut dans le film car comme je le dit plus haut, je ne suis clairement pas le public visé par ce genre de film et ce genre de cast est souvent plus un frein qu’autre chose pour moi.

Second point, l’écriture : Le film réussi habilement à tirer sur la fibre nostalgique sans que cela soit préjudiciable au nouveau public. Ce que je veux dire par là c’est que le spectateur qui a les références va apprécier le film autant que celui qui ne les a pas car elles sont certes bien présentes mais malgré leur omniprésence, n’empiète pas sur le film en lui même (ce qui n’est pas le cas par exemple du dernier film Resident Evil dans lequel les références sont juste le seul et principal intérêt du film).
Niveau scénario, c’est somme tout assez classique comme sa trame : prévisible mais ça reste appréciable car écrit de façon abordable et efficace, malgré ce petit temps mort dans la première partie. Les scènes d’action sont quand à elles vraiment impressionnantes, la course poursuite avec Mâche-Tout dans les rues de Sommerville avec l’Ecto-1 est absolument géniale et énergique, de même que la scène du supermarché. Visuellement, les effets spéciaux sont admirables, particulièrement à la fin avec un caméo d’outre tombe particulièrement touchant.

Ensuite pour rebondir sur ce que je dis plus haut, l’ambiance du film bien que foncièrement différente des premiers films reste efficace et le coté petite ville rurale américaine, certes complètement différente des canons de la série est bien fichue et donne une atmosphère particulière au film, mystérieuse et un peu rétro, renforcé par la musique, directement inspirée de celle des premiers films.

Au final, est-ce que j’ai bien aimé ce nouveau Ghostbusters ? Oui, mais pour moi, ce n’est pas un film Ghostbusters, c’est un très bon film fantastique mais pas un Ghostbusters car il ne comporte ni l’ambiance ni les codes visuels et scénaristiques qui ont fait le succès des deux premiers films et quitte à faire hurler les pros-nostalgiques, la version de 2016 avait, malgré ses défauts, acquis et exploité plus efficacement ces codes. Comme je le dis plus haut, le fait que le film ressemble plus à un film Amblin qu’à un véritable film Ghostbusters est autant une qualité qu’un défaut, d’un coté les personnes qui ont les références vont l’apprécier en tant que bon divertissement fantastique émaillé de références délicieusement nostalgiques et ceux qui ne les ont pas, vont apprécier le film en tant que pur film fantastique très inspiré par les œuvres plus contemporaines comme Stranger Things.

Le film réussira donc sans problème à plaire à deux générations et dans le fond, c’est peut-être ça le plus important : Après avoir vu le film avec ses enfants, le papa ou la maman qui a été bercé par les films originaux pourra s’en servir comme passerelle pour leur faire découvrir tout un pan du cinéma fantastique des années 80 et ça, c’est peut être le plus important.

S.O.S. Fantômes : L’Héritage de Jason Reitman avec Paul Rudd, Finn Wolfhard, McKenna Grace et Logan Kim sorti le 1 décembre en France.

1 : J’en profite pour faire une petite dédicace aux éditions Flamival qui font un excellent travail en France traduisant et publiant les comics Ghostbusters dans nos contrées, soutenez-les car ils font un travail formidable !

2 : D’ailleurs je ne peux que vous inviter à voir la version longue, malheureusement uniquement disponible sur le blu-ray (elle n’est pas disponible sur le DVD, le blu-ray 4k et encore moins en VOD…), qui est clairement meilleure car approfondissant les personnages et rajoutant une bonne dose d’humour typiquement féminine et Saturday Night Live particulièrement bienvenue.

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